Ali Abu Awwad, activiste de la non-violence.

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Ali Abu Awwad a 42 ans. Il est né et a grandi près de Hébron. Sa famille s’est installée là en 1948 après avoir quitté son village, situé aujourd’hui du côté israélien. Dans sa famille, on s’occupait beaucoup de politique, sa mère était une activiste du Fatah et combattait aux côtés de Yasser Arafat. Pendant la toute la première intifada, Ali avait l’habitude d’aller jeter des pierres aux soldats israéliens et, à l’âge de 17 ans, alors qu’il préparait ses examens, les israéliens sont venus le chercher à la maison, lui reprochant d’avoir jeté des pierres. Sa famille devait payer une amende de 500 dollars, autrement il serait arrêté. La famille n’a pas payé, il est donc envoyé en prison. Il y restera 3 mois.

Il est arrêté une deuxième fois peu après, accusé cette fois-ci d’avoir lancé des cocktails-molotov et d’être membre d’une cellule armée. Il est condamné à 10 ans de prison. Selon lui, il a été avant tout condamné pour avoir refusé de divulguer les activités de sa mère, qui elle-même aura passé au total 5 ans de sa vie en prison. Au bout de 4 ans, à la faveur de la signature des accords d’Oslo, il est libéré.

Son séjour en prison a été selon lui, sa meilleure université. «  Nous étions organisés pour recevoir une éducation, nous avions des rencontres tous les jours au cours desquelles nous pouvions nous raconter, parler de notre vie, de ce qu’on voulait en faire. J’ai réalisé que nous, Palestiniens, nous n’avions ni armée, ni avions, ni armes sophistiquées et que la haine n’était pas une arme. La haine nous détruisait au moins autant qu’elle voulait détruire l’autre. Et j’ai compris que la cause de toute cette violence c’était la peur de l’autre. On ne se connaissait pas, on ne se parlait pas, l’autre était déshumanisé. Les Israéliens nous faisaient la guerre car ils avaient peur de nous. C’est alors que j’ai décidé d’aller à leur rencontre. »

Aller rencontrer les gens de gauche de Tel Aviv, c’était impensable. « Tout ce qu’ils veulent, c’est ne plus nous voir, nous ignorer derrière une frontière, dit-il. Ceux que je devais rencontrer, c’étaient mes voisins, les habitants des implantations. Moi comme les autres, j’avais été habitué à penser que rencontrer l’occupant, c’était une trahison. Ce n’était donc pas facile. Mais ces rencontres, au contraire, c’était une façon différente de défendre nos droits. En dialoguant avec l’autre, il me voit autrement, il voit mon humanité, je lui enlève l’idée de me spolier, de m’attaquer. »

En 2000, un colon lui tire dessus et le touche à la jambe. Pendant qu’il est soigné en Arabie Saoudite, il apprend que son frère vient d’être tué par un soldat israélien à un barrage. « Qu’est-ce que je devais faire avec ma douleur ? Me venger, engendrer encore plus de malheur ? ». Il décide plutôt de rencontrer des familles israéliennes dont un proche a été tué par des Palestiniens et il devient membre avec sa mère et un autre de ses frères du Forum des parents endeuillés, une organisation qui promeut le dialogue et la non-violence. « J’ai décidé de sortir du statut de victime. Plus jamais personne ne pourrait faire de moi une victime. Il ne s’agit pas de dire oui à tout, il s’agit au contraire de se battre et de défendre son droit et sa dignité, mais toujours en parlant à l’autre, en reconnaissant son humanité afin que lui reconnaisse aussi la mienne. Mon but, c’est ma liberté et notre liberté à nous, Palestiniens, doit passer par le cœur et l’esprit des Juifs. Nos ennemis, ce ne sont pas les Juifs, c’est leur peur. Leur propre histoire continue de les terrifier. Nous devons les aider à vaincre cette peur car je refuse d’être victime de leur peur. Et ma seule arme, c’est mon humanité. »

Ali a fondé une organisation qui enseigne dans les écoles israéliennes et palestiniennes le dialogue et la non-violence, qu’il considère comme un art qui ne demande qu’à être développé. Il l’a appelée « Le chemin », en s’inspirant des paroles de Gandhi : « La paix n’est pas au bout du chemin, elle est le chemin ».

 

One Response to Ali Abu Awwad, activiste de la non-violence.

  1. Effectivement une visite/rencontre hors du commun: deconseillee pour tous ceux qui cherchent a se rattacher uniquement a leurs certitudes…

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