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Le père Gabriel Nadaf, 40 ans, prêtre grec orthodoxe à Nazareth, appelle ouvertement les chrétiens d’Israël à faire ce que jusqu’ici ils ont été seulement une toute petite minorité à faire : servir dans les forces armées israéliennes.

Habituellement, les chrétiens d’Israël sont classés parmi les Arabes, du fait qu’ils parlent arabe et qu’ils ont subi le même sort que les Arabes lors de la création de l’Etat d’Israël en étant dispensés de service militaire. Mais Gabriel Nadaf se défend d’être un Arabe. « Nos racines sont communes avec celles des Juifs. Jésus est né juif à Bethléem, qui était une ville juive. Les Arabes sont arrivés bien plus tard. Ils ont conquis ce pays, mais ils ne sont pas parvenus à changer les noms bibliques : Jérusalem, Tibériade, Bethléem, Nazareth.  Nous avons vécu pendant des siècles sous l’autorité de la loi musulmane, ça ne fait pas de nous des Arabes pour autant ».

Gabriel Nadaf estime que le futur de la communauté chrétienne d’Israël est lié au futur de la population juive. « Israël doit rester fort pour nous défendre. Si Israël disparaît, nous disparaissons aussi. Nous devons servir ce pays, c’est notre intérêt de chrétiens, c’est notre intérêt de citoyens israéliens. Partout dans la région, les chrétiens sont humiliés, forcés à l’exil, quand ils ne sont pas tués. Il n’y a qu’en Israël où non seulement nous avons la liberté de culte, la démocratie, une sécurité assurée par l’Etat et l’éducation. Nous représentons 2% de la population israélienne et 17% dans les universités. Il n’y a qu’en Israël où la population chrétienne continue de croître. Et nous sommes le seul pays où les chrétiens ne défendent pas leur pays. Ce n’est pas normal. »

Les prises de position de Gabriel Nadaf sont fortement controversées. Il reçoit des menaces de tout bord y compris de la part des chrétiens. Les réseaux sociaux s’enflamment à son sujet. Récemment, une affiche est apparue sur Facebook  offrant une récompense de 60 000 euros pour sa tête et 20 000 pour celle de son adjoint, qui sert dans les parachutistes. La vitre de la porte d’entrée de son immeuble porte la marque d’un impact de balle, l’immeuble fait l’objet d’une vidéosurveillance permanente et la police fait des rondes 24h sur 24. Ses pneus de voiture sont fréquemment crevés et son fils qui a 17 ans et qui fera l’armée l’année prochaine, a été attaqué dans la rue et s’est retrouvé à l’hôpital. Il a déjà été interdit d’entrée à la basilique de l’Annonciation et son patriarche a voulu lui retirer la charge de sa paroisse. « Mais quand il a vu que j’ai été reçu par Netanyahu, il a changé d’avis », lance-t-il avec fierté.

Les appels de Nadaf et de ses amis sont malgré tout entendus. Chaque année, de plus en plus de jeunes chrétiens décident faire leur service militaire. Ils étaient seulement 30 en 2012, 150 en 2013, puis 105 rien qu’au premier trimestre 2014. Gabriel Nadaf est persuadé que l’énorme majorité des 150 000 chrétiens d’Israël approuve ses idées. « 85% des sont pour l’intégration dans l’armée, déclare-t-il. Mais le sondage qui révèle ce nombre est secret. »

« Les chrétiens ont toujours eu peur de passer pour des traitres aux yeux des musulmans. Nous devons briser le mur de la peur. Notre but c’est de préserver la Terre Sainte et l’Etat d’Israël. Nous avons besoin de cet Etat pour nous protéger et prospérer en tant que chrétiens, et l’Etat a besoin de nous pour le défendre. Les musulmans non seulement ne nous protègent pas mais ils nous menacent, nous persécutent et nous chassent. Regardez à Bethléem par exemple, où la population chrétienne était autrefois majoritaire, ils ne sont plus que 2% maintenant. Il est impossible aujourd’hui pour une famille chrétienne de vivre dans une zone 100% musulmane. Par contre, on peut très bien vivre dans une zone 100% juive. Personne ne viendra nous poser de problème. Les musulmans sont tournés vers la mort, ils la vénèrent. Nous, les chrétiens et les juifs, nous sommes du côté de la vie.  Aussi longtemps que les musulmans appelleront les terroristes des martyrs, nous ne serons pas en sécurité ».

Gabriel Nadaf a été reçu récemment devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies à Genève, particulièrement connu pour condamner régulièrement Israël. « A la fin de mon discours, il y a eu un long silence, personne n’a applaudi », lance-t-il en signe de victoire.